Conçu à partir d’algorithmes d’analyse d’images et de modèles statistiques, l’outil permet d’estimer le rendement à l’échelle de l’arbre et du verger.
Julien Sarron, chercheur au CIRAD et membre de l’équipe de conception, a expliqué à SciDev.Net que le modèle fonctionne à partir de l’analyse des images des arbres prises au sol et de la cartographie du verger obtenue à l’aide d’un drone.
En analysant deux images prises de deux côtés opposés de l’arbre, souligne le chercheur, le modèle peut estimer le nombre de fruits présents sur l’arbre, avec une marge d’erreur de 7%. « À partir de la cartographie par drone du verger, nous avons extrait des variables comme les hauteurs des arbres, leur volume et leur surface horizontale. Avec ces variables, nous avons pu mettre au point un modèle capable d’estimer la production de tout le verger avant la récolte », a-t-il expliqué à Scidev.Net.
Compétitivité
A l’étape actuelle, le modèle n’a été calibré que sur trois variétés de mangues (la Kent, la Keitt et la Boucodiékhal) dans la région des Niayes, au Sénégal. Ses concepteurs comptent tester sa réplicabilité dans d’autres régions, sur d’autres variétés, et sur d’autres espèces comme les agrumes, le litchi, le cacao ou encore le café.
« Il sera désormais possible aux producteurs de prévoir leurs chaînes de distribution avant la récolte ou de mesurer sur la base de données réelles l’évolution de leur rendement à chaque étape de la production. En gros, ce sont des informations qui vont sûrement booster la compétitivité dans le secteur », indique-t-il.
Au niveau national, Cheick Tidiane Mbaye, pense que disposer d’informations réelles sur les rendements, en fonction des zones de production et de la diversité variétale pourrait permettre aux acteurs étatiques de mettre en place des projets de développement qui répondent aux besoins spécifiques de la filière.
Recherche
Outre les données sur l’estimation des rendements, l’outil permet également de recueillir des informations relatives à la répartition des variétés de mangues, les espèces présentes dans le verger, la surface en maraîchage, etc., via la carte d’occupation du sol.
Emile Faye, chercheur en agroécologie et agriculture numérique au CIRAD, estime que ces données pourraient permettre aux chercheurs de mieux appréhender les facteurs qui influent sur les rendements au sein du verger et dans les bassins de production.
« Les chercheurs pourront comprendre pourquoi telle partie du verger est plus productive que telle autre et identifier, à terme, les actions à mener pour accroitre la productivité », renseigne le chercheur.
En attendant, l’équipe de chercheurs dit travailler déjà à l’implémentation du modèle d’estimation sur Smartphones sous forme d’application mobile. « L’idée est de permettre aux producteurs d’évaluer directement leur rendement », souligne à cet effet, Julien Sarron.