Pétrole au Sénégal : combien l’État gagne-t-il réellement ?

Le Sénégal est officiellement entré dans l’ère de la production pétrolière avec l’exploitation du champ offshore de Sangomar, situé à environ 100 km au large de Dakar. Découvert en 2014, ce gisement contient environ 630 millions de barils de pétrole brut, dont une partie est récupérable pour l’exploitation commerciale.

Publié le 27 février 2025  

L’exploitation de ce champ est assurée par la société australienne Woodside Energy, qui détient 82 % des parts, en partenariat avec Petrosen, la société nationale sénégalaise des hydrocarbures, qui possède 18 % du projet. Après des années de préparation, la production a commencé en juin 2024, marquant un tournant majeur pour le secteur énergétique du pays.

Depuis le début de la production, 16,9 millions de barils de pétrole brut, générant un chiffre d’affaires d’environ 950 millions de dollars, soit environ 595 milliards de francs CFA.

Rapport de production publié par le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines

Le raffinage : un défi majeur pour l’autosuffisance énergétique

Historiquement, le Sénégal importe la quasi-totalité des produits pétroliers raffinés nécessaires à sa consommation domestique. Cependant, avec l’exploitation de Sangomar, une nouvelle dynamique s’est mise en place.

En février 2025, la Société africaine de raffinage (SAR), située à Mbao en banlieue de Dakar, a réussi pour la première fois à raffiner du pétrole brut sénégalais. Cette première opération marque une avancée stratégique pour réduire la dépendance du pays aux importations de carburants et améliorer sa sécurité énergétique.

Actuellement, la SAR a une capacité de raffinage d’environ 1,2 million de tonnes par an, mais des investissements sont nécessaires pour moderniser et augmenter cette capacité afin de traiter efficacement tout le brut extrait localement.

Société africaine de raffinage (SAR)

Commercialisation : où va le pétrole sénégalais ?

Jusqu’à présent, la majeure partie du pétrole brut sénégalais est exportée vers des marchés internationaux, notamment en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni) et en Asie. La commercialisation est assurée par Woodside Energy, l’opérateur principal du projet.

L’objectif à long terme du Sénégal est de développer un marché intérieur du pétrole en renforçant les capacités de raffinage et en favorisant l’utilisation du brut national pour la consommation locale. Cela permettrait de réduire les coûts des produits pétroliers et d’atténuer les fluctuations des prix du carburant, qui dépendent aujourd’hui du marché mondial.

Champ pétrolier de Sangomar

Répartition des revenus : combien gagne réellement le Sénégal ?

Malgré des chiffres de vente impressionnants, la part réellement perçue par l’État sénégalais reste relativement faible en raison des contrats de partage de production et du recouvrement des coûts d’investissement.

En effet, les compagnies pétrolières ont investi massivement pour explorer, développer et exploiter le gisement de Sangomar. Conformément aux accords en vigueur, environ 75 % des recettes sont d’abord allouées au remboursement des coûts d’investissement. Ce n’est qu’après cette phase que les bénéfices restants sont répartis entre les compagnies pétrolières, Petrosen et l’État sénégalais.

Ainsi, sur les 595 milliards de francs CFA générés par la vente des premiers barils de pétrole, l’État sénégalais perçoit moins de 70 milliards de francs CFA, soit environ 11,7 % des revenus totaux.

Cette situation suscite des débats sur la nécessité de renégocier les contrats pétroliers pour garantir une part plus équitable des revenus pour le Sénégal, d’autant plus que la production devrait augmenter dans les prochaines années.

Mame G Fall.

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