D’une jolie couleur prune, le bâtiment destiné à accueillir le futur quai de pêche de Soumbédioune trône sur la corniche ouest de Dakar. Cette infrastructure, censée représenter un nouveau départ pour les marchands de poissons de la célèbre plage de Soumbédioune, qui ont beaucoup souffert de l’érection d’un tunnel pile à l’entrée de leur marché, devait être livré en février 2018, à en croire les propos d’Oumar Gueye, ministre de la Pêche, il y a de cela deux ans. Pourtant, depuis la fin des travaux, le bâtiment semble encore attendre d’être réceptionné.
Un investissement plus que nécessaire
Le 25 mai 2015, le roi Mouhamed VI du Maroc et le président Macky Sall posaient la première de ce qui était le projet de construction d’un point de débarquement aménagé. Cette infrastructure moderne, en grande partie financée par le Maroc, avait pour principal objectif d’améliorer les conditions de travail des pêcheurs locaux en leur offrant un cadre structuré et des équipements modernes.
En effet, la pêche qui reste un des principaux secteurs d’activité des populations sénégalaises, souffre d’un grand retard dans la modernisation de ses techniques et de la commercialisation de ses produits dérivés. À Soumbédioune, l’un des plus anciens et plus célèbres marchés au poisson de la capitale, les conditions de vente sont encore très rudimentaires et la conservation des produits très peu normée.
Avec la construction d’un tunnel (lors des travaux de l’ANOCI) rendant difficile l’accès au marché, les commerçants ont commencé à souffrir du fait de leur enclavement.
Des promesses en attente
En novembre 2017, Oumar Guèye, ministre de la Pêche rassurait : « Nous avons envoyé des stagiaires de Soumbédioune, il y a de cela deux mois, au Maroc, pour s’inspirer de l’expérience marocaine en matière de commercialisation du poisson. En sus de cet investissement en ressources humaines, le bâtiment en lui-même disposera de chambres froides négatives (-18 degrés) pour conserver les surplus de poisson et de chambres positives à 0 degré pour la conservation de la fraîcheur du poisson. On y trouvera également une fabrique de glace de 5 tonnes par jour, un espace socio-collectif, des bureaux administratifs, un espace de transformation de poissons, un marché de vente au détail, une Cafétéria, un magasin d’outils de pêche, un atelier mécaniques et de charpente, un ponton pour débarquement de poissons, etc. Ce projet changera forcément la vie des artisans ».
À quand l’ouverture ?
Il y avait là de quoi s’enthousiasmer, d’autant plus que, toujours selon monsieur Guèye qui semblait à l’époque assez satisfait de l’avancée des travaux, le projet devait être livrable dès février 2018. Aujourd’hui, l’année 2020 commence, et l’on ne sait toujours pas grand-chose de l’exploitation de cette infrastructure. Qu’en est-il aujourd’hui ? Quand est prévue son ouverture ? Quelles seront les conditions d’accès (surtout pour les commerçants) ? Qui sera chargé de l’exploitation ?
Voici autant de questions que soulève ce bâtiment que l’on aperçoit furtivement lorsque l’on passe devant le mourant marché de Soumbédioune.