Le lait local au cœur du 3e symposium « Lait et développement »

La place du lait dans le mode de vie des populations du monde n’est plus à démontrer. Au-delà des nombreuses symboliques liées à ce produit d’une culture à une autre, le lait est devenu avec l’industrialisation globale du monde, un véritable vecteur d’économie.

Publié le 17 juin 2019  

Au vu de sa valeur patrimoniale inestimable, liée non seulement à cet aspect économique, mais également aux nombreux savoir-faire qui sont rattachés à la chaîne de transformation du produit, un véritable cadre de concertation entre les acteurs du secteur du lait et les différentes structures de développement s’est vite révélé nécessaire. Ainsi est né le symposium « Lait et développement » initié par l’ISRA (Sénégal), le CIRAD (France) l’INRA (France) et avec le soutien de la FAO, d’Agreenium et de plusieurs autres partenaires. Les deux premières éditions se sont tenues en 2014 à Rennes (France) et en 2017 à Rabat (Maroc).

Focus sur le lait Made in Sénégal

La 3e édition du symposium s’est tenu les 12 et 13 juin 2019 à Dakar (Sénégal). Son objectif était de favoriser les échanges d’expériences autour de la diversité des modèles de développement autour du lait observés à l’échelle de la planète, et de mettre en relation plusieurs initiatives et réseaux de recherche et de développement.

L’édition 2019 visait en particulier à évaluer le rôle central des femmes et des éleveurs les plus modestes dans ces dynamiques et de mieux comprendre le rôle des entreprises de transformation et des politiques publiques pour accompagner l’essor actuel des filières.

La principale ambition de ce symposium était d’aboutir à une meilleure coordination des actions autour du lait et des produits laitiers en Europe et dans les pays en voie de développement. Il s’agit notamment de faire émerger des projets conjoints de recherche, de formation ou d’appui aux communautés locales. Des objectifs qui semblent taillés sur mesure pour le Sénégal, un pays où le secteur du lait souffre encore de nombreux problèmes.

Un secteur en difficulté technique

La production du lait au Sénégal est principalement assurée par des éleveurs qui vivent dans des zones rurales qui, pour la plupart, utilisent encore des techniques traditionnelles pour la collecte et le traitement. Si l’on rajoute à cela la sous-production du bétail qui souffre de la désertification des pâturages où il était traditionnellement mené pour se nourrir, et le problème de la conservation du produit pour ces populations qui parfois n’ont même pas l’électricité dans leur localité, on obtient un secteur qui souffre de problèmes ponctuels.

Une concurrence déloyale, mais hélas performante

Comme si les problèmes de mécanisation et d’entretien du bétail n’était pas suffisants, le secteur du lait au Sénégal, souffre également des effets de l’importation du lait venant principalement d’Europe et revendu en Afrique de l’Ouest par des multinationales puissantes, peu soucieuse de la qualité du produit qu’elles transforment considérablement (déshydratation et enrichissement en graisse) avant de l’écouler sur le marché africain sans lésiner sur les campagne de publicité à gros budget (voir notre article sur la campagne « N’exportons pas nos problèmes ».

Une chaîne de transformation réduite

Les techniques traditionnelles de transformation du lait en produits dérivés ne sont pas très développées et les savoir-faire qui existent disparaissent petit à petit, à cause de la rareté de cadres de formation des acteurs des métiers du lait, qui se chargeraient de l’adaptation et de la modernisation de ces techniques, afin de maximiser leur utilisation.

Les produits comme la crème fraîche, les fromages, le beurre, sont des produits qui nous sont accessibles en grande partie grâce à l’importation et les produits traditionnellement faits comme le beurre clarifié disparaissent petit à petit au Sénégal, la technique de fabrication se perdant de plus en plus.

Un encadrement qui doit demeurer important

Il est presque impossible de valoriser un produit local à l’échelle nationale sans un accompagnement effectif de l’État. Cela est d’autant plus vrai concernant le secteur du lait, vu les exigences et les soins qu’impose le traitement d’un produit tel que le lait. Des actions sont cependant menées dans ce sens. L’entreprise locale La Laiterie Du Berger par exemple, la seule laiterie sénégalaise à travailler avec des éleveurs locaux, bénéficie depuis peu d’une exonération de TVA au Sénégal

Malgré tout, beaucoup d’efforts restent à faire, notamment dans la labélisation du lait sénégalais.

Marième Kane. Photos : www.kamikazz-photo.com

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