El Hadji Mor Fall, père de l’émotteuse de couscous sénégalais

C’est un fils de forgeron qui adore se plonger dans les inventions. À son actif, une émotteuse de couscous, une machine pour extraire de l’huile de palme, un lit d’accouchement. Des mains en or qui ont gagné le Grand Prix du chef de l’État en 1999. Il se livre dans cet entretien.

Publié le 13 juin 2017  

Avez-vous suivi une quelconque formation professionnelle pour ce que vous faites ?

Non, je n’ai jamais était dans une école. Mes inventions avant que je ne les réalise, je les visualise d’abord. Mon père était aussi un inventeur et c’est dans son atelier que nous avons été formés. Il confectionnait des armes de manière artisanale. Il avait même construit un hélicoptère de son vivant, qui pouvait voler jusqu’à 10 à 15 mètres d’altitude.

Comment vous est venue l’idée de l’émotteuse de couscous ?

C’est à l’âge de 11 ans que m’est venu le penchant pour l’invention. J’ai commencé par représenter graphiquement la machine, puis j’ai pris du fil de fer pour confectionner la maquette. Par la suite, j’ai travaillé dans un atelier de menuiserie métallique. J’ai séjourné en Arabie Saoudite et dans les pays magrébins. J’ai fait aussi l’Espagne. En même temps, je côtoyais souvent des ingénieurs occidentaux qui ont beaucoup apprécié mon travail. Avec eux, j’ai pu acquérir une certaine expertise et raffiner encore plus mon travail. L’émotteuse de couscous, je l’ai achevée et brevetée depuis 1986.

Elle fonctionne avec de l’électricité ?

Oui, ça marche avec de l’électricité. Elle contient un tamiseur et un aspirateur. Elle dispose également de calibreur qui permet de calibrer le maïs(ou le mil) tout en extrayant les grains de sable et les déchets qui seront ensuite évacués par le bas de la machine. J’en ai déjà fabriqué une centaine. Le prix d’une émotteuse a été établi de sorte que ça soit abordable pour le client.

Hormis, cette émotteuse de couscous, travaillez-vous sur d’autres dispositifs ?

En ce moment, je suis sur des inventions d’une machine qui permet d’extraire l’huile de palme à partir des fruits du palmier. Je l’ai déjà brevetée. Actuellement, je dois livrer une commande de ces machines d’huile de palme. Il y a aussi une autre machine qui permet d’obtenir de l’huile. Par mois, je peux en fabriquer 4 voire 5. En dehors de cela, je travaille aussi sur une accoucheuse basculante. Un lit qui permet à la femme d’accoucher sans difficultés avec l’assistance d’une seule sage-femme. Le lit a la forme d’un fauteuil qui facilite tous les mouvements de la femme au moment de l’accouchement. Et lorsque le bébé apparait, il est réceptionné par un dispositif qu’on a installé sur ce lit. Cela va éviter que le nouveau-né ne tombe. J’y travaille de concert avec des gynécologues.

Comptez-vous exporter vos produits à l’étranger pour conquérir d’autres clients ?

Oui ! Je le veux bien, mais tout en me basant au Sénégal. Vous savez c’est difficile pour moi d’allier le travail de mon atelier et la recherche de commandes à l’extérieur. Il devrait avoir des mesures d’assistance pour que mes inventions soient davantage connues à l’extérieur. L’autre difficulté que je rencontre c’est que je n’ai pas toujours un local approprié pour travailler. Conséquence, je suis obligé d’aménager une partie de chez moi pour en faire un lieu de travail.

Contact

El Hadji Mor Fall
Parcelles Assainies Malicka Keur Massar, Unité 14.
Dakar
Téléphone : 77 546 94 77

Amédine Faye / Photo : Amfa

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