Dans les régions de Kaolack, Kaffrine, Louga, Thiès et Diourbel, les services techniques se montrent optimistes. Les pluies ont été précoces et bien réparties, permettant aux producteurs de semer à temps. Les interventions contre les ravageurs ont été renforcées, évitant les pertes constatées certaines années.
Cette combinaison de facteurs favorables se traduit par une hausse des rendements, évaluée à plus de 15 % dans plusieurs départements. Les marchés hebdomadaires commencent déjà à recevoir d’importants volumes, confirmant ce regain productif.
Cette progression intervient dans un contexte où l’État a augmenté son effort budgétaire pour soutenir l’agriculture.
Le secteur bénéficie cette année d’un financement record, destiné notamment à améliorer l’accès aux semences, aux engrais et aux équipements, et à renforcer l’objectif d’autonomie alimentaire.
Un prix plancher de 305 FCFA qui ne satisfait pas les producteurs
Malgré cette embellie agricole, la tension est palpable dans les zones de production. Le gouvernement a décidé de maintenir le prix plancher officiel à 305 FCFA/kg pour la campagne 2025/2026.
Or, pour de nombreux producteurs, ce montant est devenu insuffisant pour couvrir les coûts réels.
La hausse du prix des intrants, du transport et de la main-d’œuvre a fortement alourdi les charges. Les organisations paysannes estiment qu’un prix compris entre 350 et 500 FCFA/kg serait nécessaire pour assurer la rentabilité des exploitations. Dans certaines localités, des ventes anticipées ont déjà eu lieu en dehors du circuit officiel, signe d’un malaise croissant.
Des marchés saturés et une pression à la baisse
Paradoxalement, la bonne production pèse déjà sur les cours. Dans le bassin arachidier, l’abondance des graines met les prix informels sous pression, parfois nettement en dessous des attentes des exploitants. Les responsables ruraux appellent à une décision rapide sur le prix homologué afin d’éviter une spéculation défavorable aux producteurs.
Les opérateurs privés, de leur côté, conditionnent leur engagement à une clarification des paiements en attente et à un accompagnement renforcé de l’État. La filière reste sensible : elle dépend autant de la dynamique du terrain que des arbitrages administratifs et financiers.
Un moment clé pour l’avenir de la filière
Si la campagne 2025 s’annonce exceptionnellement productive, elle soulève également des questions de fond. Comment garantir aux producteurs un revenu stable ? Comment éviter que la hausse des coûts ne fragilise les exploitations familiales ? Et comment concilier les besoins des transformateurs, des exportateurs et des stockeurs dans un marché où chacun cherche à préserver ses marges ?
L’arachide demeure un pilier historique de l’agriculture sénégalaise. Mais pour que cette filière continue de jouer son rôle économique et social, un élément reste déterminant : la mise en place d’un prix juste, capable de valoriser l’effort des agriculteurs tout en maintenant l’équilibre de la chaîne.



